Lutter contre le cyberharcèlement et la surexposition des enfants aux contenus violents sur Internet

Alors qu’au moins 6 enfants sur 10 ont été confrontés à des images violentes ou pornographiques avant la fin du collège, 1 parent sur 4 ne saurait pas comment aider le sien en cas de cyberharcèlement. C’est ce que révèle l’étude Kaspersky France-IFOP* réalisée auprès de parents d’élèves scolarisés à l’école élémentaire et au collège, dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire.  

Cyberharcèlement : quelles clés pour l'adresser

Alors qu’au moins 6 enfants sur 10 ont été confrontés à des images violentes ou pornographiques avant la fin du collège, 1 parent sur 4 ne saurait pas comment aider le sien en cas de cyberharcèlement. C’est ce que révèle l’étude Kaspersky France-IFOP* réalisée auprès de parents d’élèves scolarisés à l’école élémentaire et au collège, dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire.  

Dans son étude, Kaspersky a cherché à comprendre concrètement comment les parents appréhendaient le « risque numérique » pour leurs enfants et comment ils intégraient « l’éducation numérique » à l’éducation de manière générale. Le constat est assez alarmant. Bien que la grande majorité des parents s’inquiète des contenus auxquels pourraient être confrontés leurs enfants en ligne, finalement assez peu agissent pour limiter les accès au numérique. Alors que l’échange et la communication pourraient être une forme de réponse au risque de réappropriation de la violence numérique par les jeunes, 50% de parents admettent aussi que le numérique est une source de conflit à la maison, et 31% qu’ils sentent que leurs enfants sont moins sociables depuis qu’ils ont leur propre appareil. 

Dans le podcast intitulé « cyberharcèlement : quelles clés pour l’adresser ? », nous avons la chance d’échanger avec Clara Foucher, consultante RGDP et membre du pôle sensibilisation du CEFCYS et avec Amandine Del-Amo, chargée de mission partenariats au GIP ACYMA (cybermalveillance.gouv.fr) qui nous ont partagé leurs retours d’expérience, leurs observations et leurs conseils. 

L’un des sujets qui revient le plus sur le devant de la scène, c’est celui de la sensibilisation, de la communication et de l’éducation. Comme l’indique très justement Amandine Del Amo, pour qu’un enfant comprenne qu’il était nécessaire d’être accompagné ou prudent pour traverser une route, il a fallu lui parler des risques et lui répéter plusieurs fois qu’il y avait un danger. Pour autant, on n’a jamais interdit à l’enfant d’aller dehors à cause de ce risque. Pour l’utilisation du numérique c’est un peu la même chose. Alors qu’il semble compliqué, voir inutile de priver les enfants d’un accès au numérique – qui leur apporte aussi beaucoup d’opportunités et de possibilités – il est en revanche possible, voir nécessaire, de les accompagner, de les former, de s’intéresser à leurs activités. Ce, pour qu’ils puissent intégrer des règles d’hygiène numérique dès le plus jeune âge. 

En 2021, les nouvelles technologies semblent n’avoir aucun secret pour les enfants, alors que beaucoup de parents se sentent eux, dépassés. Les expertes avec lesquelles nous avons eu l’occasion d’échanger sont formelles : « il est important que les parents s’intéressent aux passions de leurs enfants, à leurs activités qu’elles soient en ligne ou non. Cela permettra aussi d’instaurer un climat de confiance et de rendre le parent « pertinent » pour se confier sur des problématiques rencontrées en ligne ». De la même manière, et parce qu’il est important de ne pas se positionner qu’au niveau des victimes, la communication et la sensibilisation vis-à-vis du bien et du mal, des bonnes et mauvaises pratiques du numérique est aussi très importante lorsqu’on est parent d’un enfant « bourreau ». Amandine Del-Amo nous rappelle que l’effet de groupe est particulièrement impactant lorsqu’il s’agit de s’acharner sur un camarade. Par le biais du numérique cette violence, et cet effet de groupe peut se démultiplier et avoir des impacts encore bien plus vastes. On l’a vu cette année avec le #anti2010 dont les nouveaux entrants en 6e ont été victimes de la part d’enfants, à peine plus âgés qu’eux. 

Avant dans les affaires de harcèlement, la violence pouvait s’arrêter à la sortie de l’école. Aujourd’hui avec Internet et les réseaux la violence s’invite à la maison et en dehors des temps dits « sociaux ». Ce qui peut créer un sentiment de mal-être encore plus grave et qui peut mener parfois, hélas à des cas extrêmes comme nous avons pu en être témoins récemment. La maitrise des outils numériques à la maison et l’accompagnement des parents aux bons usages s’impose dès lors, tant pour accompagner son enfant victime, que pour responsabiliser et « redresser » l’enfant bourreau. L’éducation d’un enfant est une procédure longue, et le numérique étant omniprésent dans le quotidien des enfants, il semble aujourd’hui plus critique que jamais d’intégrer l’hygiène numérique à cet apprentissage.  

La question des outils & des actions concrètes. 

Que les enfants soient particulièrement à l’aise avec le numérique ne change pas qu’ils restent des enfants avec leurs sensibilités et leur procédure d’apprentissage permanente. Des outils, des méthodes d’apprentissage adaptés à la compréhension et à la sensibilité des enfants permettent aussi d’aider les parents et éducateurs à inclure la cybersécurité et les bons usages du web au dialogue et aux programmes de sensibilisation.

C’est notamment dans ce contexte que Kaspersky a lancé, courant 2021 un nouveau livre dédié aux 8-12 ans et qui présente les risques du numériques et quelques règles d’hygiène de base, et ce, de manière ludique, claire et appliquée. 

Le CEFCYS, intervient auprès des enfants à travers des ateliers de 20 à 50 de minutes selon les âges. Les intervenants expliquent avec un vocabulaire adapté à leur âge quels sont les risques ET la manière de s’en protéger mais également les bienfaits du numérique. Ils utilisent des outils et méthodes pédagogiques qui leur parlent, à travers des cas pratiques, des jeux ludiques comme un jeu de rôle avec une mascotte. Il existe des sessions avec et sans parents. Il en ressort un fort intérêt et une prise de conscience des dangers. Cependant la plupart des parents demandent d’être accompagnés sur les outils utilisés par leurs enfants et les outils pour les aider dans la prévention des risques. L’objectif est de travailler avec les académies pour développer des sensibilisations sur toute la France. C’est ce que l’association a fait sur Paris et Créteil avec 278 enfants et 170 adultes sensibilisés en 2021 sous la forme d’une trentaine d’atelier. Le CEFCYS comptabilise en complément 24 interventions dédiés à la sécurité des jeunes en 2021 par les bénévoles et 34 interventions complémentaires (conférences / table ronde / orientation). L’objectif est de continuer sur cette lancée pour permettre de sensibiliser au numérique, pour tous ! Cela peut avoir un double effet positif de limiter les risques et de créer des vocations pour ces métiers en étant exposés à ses enjeux dès le plus jeune âge. 

Cybermalveillance.gouv.fr développe aussi des outils et tout un panel de ressources à destination des enfants, des familles, des entreprises. Ils rappellent les bons réflexes numériques comme le numéro de téléphone pour demander de l’assistance en cas de cyberharcèlement (3018 développé par e-enfance). Ils ont aussi développé un « jeu » sous le format des « incollables » pour sensibiliser aux bonnes pratiques numériques sous un format qui parlera aux plus jeunes, en partenariat avec e-enfance. 

La coopération – se saisir du sujet. 

En tant qu’experts du numérique & de la sécurité en ligne il nous semble avoir un rôle dans l’accompagnement des individus connectés vers le monde numérique le plus sûr possible. C’est en mettant en avant les risques et les opportunités du numérique et en adoptant de bonnes pratiques qu’on parviendra à une meilleure « culture cyber ». Sur ces thématiques sensibles et d’intérêt général, il est primordial que les gouvernements, les institutions, les associations, les entreprises avancent ensemble vers un but commun : la sérénité et la sécurité numérique. Construire un monde plus sûr, cela ne passe pas que par les technologies mais aussi par la formation, la sensibilisation, l’accompagnement, la communication. La cybersécurité et le numérique ne doivent pas être anxiogènes au contraire. Ils offrent de nombreuses opportunités, qui, grâce à une approche responsable, raisonnée et sécurisée, n’impliqueront pas des risques pour ce qui nous est cher. 

L’approche raisonnée et responsable débute avec l’identification de la valeur des informations partagées sur le net et la volonté et conviction qu’il est nécessaire de les protéger. Cela passe aussi par la compréhension du lien sensible et de la coexistence de la vie en ligne et de la vie « hors ligne ». Si l’on identifie l’impact de l’un sur l’autre et que l’on ancre les usages du numérique dans la réalité, cela permet aussi de prendre un certain recul et de mesurer les conséquences de certaines actions. 

Dans le cadre de la famille et des thématiques du cyber-harcèlement et de cyber-violence, il s’agit ici de donner les billes à chacun pour intégrer le numérique au cœur de l’éducation et d’y sensibiliser et accompagner de la même manière qu’on le fera sur d’autres sujets dits sensibles pour les jeunes. 

Le sujet se prête beaucoup à la négativité mais pour autant, on n’a jamais été aussi informés qu’aujourd’hui et les possibilités offertes par le numérique sont grandes. Une exposition jeune au numérique peut aussi susciter des questions, des vocations et des envies de travailler dans cet environnement à l’avenir. Considérant le manque de talents dans la technologie, on ne peut que s’en réjouir finalement. Alors tout l’enjeu semble finalement être dans la manière de trouver le bon équilibre dans son usage et de s’armer de bonnes pratiques et de bons réflexes. La maitrise du numérique s’apprend et nécessite de l’accompagnement.  Finalement, c’est un peu comme toute activité qui n’est pas innée chez l’Homme, ça nous semble compliqué et inaccessible jusqu’à ce qu’on apprenne.

Retrouvez l’intégralité de l’échange sur notre podcast Cyber Pop.

Bonne écoute !

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Podcast : Cyber Pop épisode 8

Dans ce nouvel épisode de Cyber Pop, nous recevons Clara Foucher consultante RGPD / Membre du pôle sensibilisation du Cercle Des Femmes de la CyberSécurité (CEFCYS) et Amandine Del-Amo, chargée de mission partenariats au GIP ACYMA (cybermalveillance.gouv.fr) qui nous ont partagé leurs retours d’expérience, leurs observations et leurs conseils.

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